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PROJET DE LOI 40 SUR L’ABOLITION DES COMMISSIONS SCOLAIRES:


La gouvernance des commissions scolaires est dans la mire du gouvernement.  

Personne n’a prétendu que la pratique d’un gouvernement local en éducation soit présentement sans faille et ne soit pas susceptible d’améliorations.

On a assez justement reproché à ce palier une trop faible proportion (5%) de suffrages exprimés lors des élections scolaires.

Saviez-vous qu’en Ontario, là où les élections scolaires se tiennent simultanément avec les élections municipales, autour de 45% des électeurs et électrices votent effectivement au scolaire ?

Saviez-vous qu’en Ontario, là où la plus spectaculaire hausse de diplomation a été enregistrée en Amérique du nord dans les 10 dernières années, le gouvernement a décidé de valoriser la fonction d’élus scolaires et de les associer au chantier d’amélioration du système d’éducation publique ?  

Du moins en partie, pourrait-on associer l’amélioration de la diplomation ontarienne à une participation citoyenne accrue ?

Le conseil des commissaires est effectivement le lieu par excellence du déploiement de l’implication citoyenne en éducation. 

Une nation forte qui veut prioriser l’éducation ne devrait-elle pas valoriser cette fonction pour y attirer les gens de la plus grande qualité possible afin de mieux en gérer les enjeux localement ?

Ici, pour des motifs aussi fallacieux et galvaudés et par un dangereux processus de généralisation, le gouvernement souhaite éliminer ce niveau qui serait devenu "archaïque" selon lui.

J’aimerais que l’on me dise ce qu’il y a d’archaïque dans le fait d’engager la population dans l’effort de diplomation et plus généralement dans l’objectif d’une meilleure réussite éducative.

Le ministre croit moderniser le tout en créant, à la place, un conseil d’administration composé principalement de parents élus par les instances parentales.  Saviez-vous qu’aux élections scolaires de 2014, 3 416 personnes se sont prévalues de leur droit de vote ? 

Saviez-vous que, selon le Projet de loi déposé, ce nouveau conseil serait élu par 210 personnes, soit 6 parents pour chacun des 35 conseils d’établissements ? Le gouvernement s’apprêterait-il à régler un problème de légitimité par une structure encore moins légitime ?

Ceci étant dit, le gouvernement abusera de faussetés et de sophismes pour vendre son projet de loi.  Il dira qu’il donnera plus de pouvoirs aux écoles.  En fait, seul le ministère rapatriera des pouvoirs, au détriment des initiatives locales et de l’achat chez-nous.

Il dira qu’il économisera de l’argent.  Comment le croire ? En fait, je rappelle  que la rémunération et les dépenses globales du conseil des commissaires atteignent présentement la somme de 133 000 $ pour 15 personnes sur un budget total de 178 millions $.

Le Projet de loi envisage de remettre ce que l’on appelle des jetons de présence aux membres du futur conseil d’administration.  Il faudra sortir quelques dollars. D’autre part, si des responsabilités sont rapatriées à Québec, ne croyez-vous pas que ceci aura pour effet de gonfler les effectifs du ministère?

Selon le P.L. 40, ce n’est plus la présidence qui agirait comme porte-parole de la C.S., mais bien le directeur général. Ce dernier devra assurer la représentation que les élus se partagent.  Se pourrait-il que le tout mène à la création d’un nouveau poste aux communications ?  Je ne sais pas pourquoi mon petit doigt me parle.

Et s’il s’avérait vraiment que les écoles doivent exercer davantage de responsabilités ou de pouvoirs, ne croyez-vous pas qu’on revendiquera l’embauche de ressources pour appuyer administrativement les directions d’établissement et, quant à y être, avec plus de personnel à gérer, n’y aurait-il pas des augmentations  de traitement salarial à la clé pour ces postes de direction ?

S’il croit vraiment que son Projet réduira les dépenses administratives, le ministre agit par ignorance.  

Si la réflexion qui précède vous rejoint, il vous faut interpeller nos deux députés ministériels. 

L’heure est à  la vigilance et à la manifestation d’opinions sur toutes les plateformes.

 



JEAN-FRANÇOIS HOULE
Président